jeudi 3 février 2011

Les Pianos Aqueux Fondent dans L'Océan

Nouvelle écrite d'une traite en 2008, je serai ravi de discuter de son sens avec vous car oui, il y a du sens. J'ai de gros projets pour cette petite histoire! Non seulement elle est intégrée dans l'univers Acide du Lait, mais en plus, elle est en voie d'illustration par la magnifique et talentueuse Adélaïde Grandet.
Place à la nouvelle, puis à la première illustration en bonus:



Les Pianos Aqueux Fondent dans l’Océan

Notre héros s’appelle Roman et il écrit tant bien que mal son histoire, se ferment peu à peu ses yeux. Les pianos aqueux fondent dans l’océan, il le sait bien. Quand il regarde autour de lui, il voit les monstres montres courir après un souffle de glace. Roman s’est habillé chaudement, en circonstances, un slip de bain en poil d’ours et un foulard de soie. Et il se moque de l’économie, des fluctuations boursières, Un rêve juste a Roman, un rêve à concrétiser. Car après tout, les pianos aqueux fondent dans l’océan, ainsi que les jolies filles, celles qui ont des étoiles dans les yeux, et dans le sourire de la chance. Au milieu de tout ça, des brouillées pensées bloquant à la pointe de sa baguette de chef d’orchestre, Roman cherche à retrouver les 88 touches, de ressusciter son hippocampe. Bien que pas vraiment, ce dernier se trouve encore flottant, entre deux états de morts lentes, raccroché à la vie par une faible bulle d’espoir malhonnête. Si Roman tient à cet hippocampe comme au saphir indien de ses yeux, c’est par la valeur des co- errances incohérentes qu’il lui a fait vivre, si souvent. 

Pendant ce temps, le monde part, et le laborieux travail, en vrille, écrire sa vie, l’épuise. En vrille le monde part, une vrille jaune, rouge, verte à rendre malade. Une vrille spatiale qui a oublié la vie. Fluctuations boursières, économiques. Et Roman tente d’écrire son histoire, dans le froid, frottant vigoureusement la fourrure de son slip de bain. Petit à petit, au fil des mots, retombent les touches, de piano aqueux, avant qu’il ne fonde dans l’océan. Son hippocampe a des crampes, il le sent bien, et la mort de son hippocampe l’empêcherait à tout jamais de trouver la fille de ses rêves. Avec de l’or dans les cheveux et des rires d’ailes d’ange. 
Alors Roman doit brasser, et battre les monstres montres. Lutter, à contre courant, sur une paroi de glace, éviter d’échouer… Sur une paroi de glace. Une touche noire, Roman a l’impression d’avoir lutté toute sa vie, sur les Mr Moustache tiré à vue. Pourtant il ne regrette rien, touches blanches, comme il se le répète souvent. Du soleil portable qu’il ouvrait parfois, des relents de bonheur sucré, à déprimer agrumément le pousseraient pourtant. Mais ce n’est pas le cas, pluie de touches blanches et une nouvelle noire. Couper les arbres, les faire hurler jusqu’à la mort ne lui a pas fait tant de mal que ça. 2 choses en tête, enfin 3, ou même des millions. Toutes étaient faites pour arriver aux trois dernières. Le piano amenait l’hippocampe, amenait la fille. Roman souriait, en écrivant il avait l’impression de tartiner de la noix de coco sur une porte de fer et ça le faisait beaucoup rire. Et quand Roman riait, c’était des notes de musiques irisées ou aux couleurs de l’Egypte antique qui s’envolaient, allaient percer les nuages gris, pinatas de l’infini. Les hommes pouvaient le remercier de faire ainsi pleuvoir sagesse et bonheur. Au lieu de ça, ils préférèrent inventer le parapluie.

Roman tant pis se disait-il, Roman écrit, ne se fait pas de bile. La glace fondait en volcan d’amour alors qu’il se penchait à 90° Celsius sur sa page blanche. La remplissant de souvenirs, la noircissant de mélancolie. Des lignes roses en soie, heureusement, ou en marshmallow le retenaient à bien se concentrer sur son but. Encore des touches noires, en éclats d’étoiles, encore des touches blanches, en détente céleste. Là, Roman tout d’un coup, sentit dans son cœur, violemment une magnifique, comme un rugissement de lion doré, pulsation océanique.

« Il reprend vie, se dit-il, Il guérit, s’écria-t-il »

Ainsi la nage entamée contre les monstres montres, il allait la remporter. En une chemise et un pantalon noir, les touches se transformèrent. Une distorsion dans l’absurde du réel, il tentait d’échapper à, provoquée par la fin de sa quête. Et flottant dans les, nés d’un souffle de ténèbre, ébats d’orages sanglants, il pu faire renaître sa joie. L’écriture soigne tout, il pu donc s’habiller sans souci. Et là, muni de sa baguette de chef d’orchestre, il modela le piano. Mais les pianos aqueux fondent dans l’océan. Roman fut déprimé, comme un papier de bonbon froissé, piétiné, il ne su vraiment pas que faire. Une prière indicible, cachée car pudique, tel un cri d’éléphant matérialisé, sortit en livre de platine, de la tête ébouillantée par la honte toute fraîche de Roman. Alors les sanglots invisibles et in existants firent élever en colonnes d’eau le dernier océan et finirent, dans un amas de bruitages incohérents, dans la bouche asséchée de l’hippocampe aux crampes. Submergés les Mr Moustache, les monstres montres brisés, inutile le slip en fourrure d’ours car Roman se tenait, tel un nouveau roi de la folie des mers, à 100 lieux des soucis des hommes. Fluctuations boursières mais son hippocampe renaissait, à la faveur d’un piano fondu. Et la fille l’attendait, embaumant la douceur de pleine lune, allongée sur un croissant, habillée de fraise. Roman sourit en tapant sur sa plaque, le dernier mot de son histoire, d’une goutte de son bâton de vent. Un dernier mot qui résonne encore, des perles des sirènes jusqu’aux ruines d’Atlantis. 



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