jeudi 10 février 2011

Nos Pas sur la Plage

"Nos vies se résument 
à nos pas sur la plage...
Si t'y es pas,
les miens y seront pour toi
Si je ne peux pas te garder,
te voir avaler mon écume,
j'écumerai les sables
en remplissant des pages
de mon amertume.
L'empreinte s'efface
et emprunte à la glace
sa nature éphémère 
dans les courants salés
le coulis de mer,
en mur d'eau hier
me rappellera l'avant
surtout si avant, c'est perdu
et que mon après s'est perdu.
Mon maintenant, est foutu.
Sans toi...
Compter les rochers 
qui m'aident à m'accrocher
à cette statue de toi
qui me ferme encore ses bras
dans les courants salés
Les rideaux liquides
où je regarde s'amuser
en riant, timides
les enfants des autres
en rêvant des nôtres..."

samedi 5 février 2011

Notes

Nous sommes ultimes, figurants de l'au-delà
Passeurs d'âmes à la petite semaine
Dans le cercle, au sein des nuages, on se débloque de notre peine.
Au secours, Orage en cours, les éclairs de ta vie saine.
Les amours de ta vie saigne...

Sans titre #1 (inédit, à vous de proposer un titre!)

Sous le soleil de San Francisco, je me sentais infini
Puis on m'a arraché les ailes, plumes par plumes, petit à petit
Sous le soleil du dimanche, je reprends ma marche
En vivant à l'arrache, un atout dans la manche.

La Terre tremble, elle réclame ton retour
Celui de la force vitale qui a fui dans ton amour
Les nuages s'éparpillent
En naufrage, en lentilles
Brisées avant d'avoir pu apercevoir les étoiles

La Terre tremble à San Francisco
C'est trop tôt c'est si beau
Que tu ressentes le rien sous tes pieds
La nostalgie dans ta tête
Le manque dans ton coeur
La poésie qui t'écoeure

Tu déchires les pages d'un journal intime
Refourgue à ta poubelle tes morceaux de déprime
Et au mange-disques, ton ami, tes morceaux préférés.
Sous le soleil de San Francisco, tu murmures
"A bientôt"

Academic Eponymous

Voilà un texte dont je suis, à tort ou à raison, très fier, c'est une sorte d'épopée, un jeu 2D en scrolling infernal, résumant pas mal de pensées du moment, de thèmes et d'obsession du recueil. Son écriture a été baignée de Desproges et de Melody Nelson de Gainsbourg.



Academic, Fruit : Existence

Chapitre 1 : L’ordinaire

C’était pourtant un jour ordinaire…ou bien était-ce justement un jour comme les autres ? Ou bien ça ne devait définitivement pas être un jour comme les autres ! Je laissais les heures derrière moi en allant bosser, comme tous les jours, sauf le dimanche. Je passais devant une affiche publicitaire éphémère ventant les effets d’un yaourt éphémère. Je traînais mon inappétence à vivre sur des trottoirs parsemés de plus d’étrons canins que la galaxie, de planètes sans nom…Je me traînais moi, avant tout, comme atteint de catalepsie ; et ce corps du non-moi restait figé dans une position absurde reflétant la peur que j’avais de mourir comme ça, dans cette vie là. Je prenais l’ascenseur après avoir soupiré un « Bonjour Mlle ****** » à la secrétaire dans le hall qui aurait certainement préféré avoir une discussion avec les plantes vertes. J’étais trop fatigué pour l’escalier. J’évitais de croiser mon patron, pour qui j’étais le pire des employés neurasthéniques qu’il connaissait, craignant de subir un discours grandiose et éloquent sur la façon dont il régnait en maître sur ces 50 mètres carrés d’entreprise à la con, à peine apte à la croissance d’employés légumineux, plantés là, à longueur de journées, n’osant jamais lui répondre. Dans ces bureaux matrixiens, le moindre phonème de travers devenait un Casus Belli, une déclaration de guerre, un Rubicon, exposant le fautif à des remontrances sévèrement pompeuses…
Je prenais ma gentille place en tirant ma gentille chaise pour y poser gentiment ma veste. J’agitais en vain ma boule n°8, cabossée de déménagements, en espérant qu’elle me conseille de me tirer, de là ou une balle dans la tête. Ce qu’elle ne ferait jamais…La pendule semblait arrêtée, chaque seconde m’aurait laissé le temps de faire cramer l’immeuble ; trois fois. Soudain mon patron vint me voir, il n’avait pas l’air en colère, il n’avait pas l’air grand-chose. D’un cornichon en costume à la rigueur. Il me fixait le regard vide et vitreux et moi, pensant que c’était un test, je soutenais sans sourciller en m’efforçant de garder au fond de ma tête toute trace d’agacement ou de haine viscérale envers ce plésiosaure ego et monomaniaque. Je n’eus en fait, pas à tenir très longtemps, car ses yeux bientôt tombèrent de leurs orbites et roulèrent sur le sol quelques mètres, récoltant la poussière avant d’exploser en fumigènes multicolores. C’est quand je vis mon patron transformé en pantin de bois que je sus qu’il fallait que je parte. Je dévalai alors les escaliers après avoir martyrisé le bouton de l’ascenseur comme celui de ma patience. Je n’étais pas paniqué et rien ne me surprenait vraiment. Ni les types rasés d’un seul côté du visage, qui portaient, hagards, les plantes vertes du hall, ni les horloges fondantes, dégoulinantes, le long des murs peints en gris clair. Seule la disparition, assez inexplicable ; quoiqu’en cherchant bien l’on pu trouver des raisons logiques à son départ, de Mlle ****** provoqua chez moi un début d’émotion, annonce d’un sentiment. C’était dommage, pensai-je alors, elle était belle, j’aurai pu lui proposer de m’enfuir au volant d’une superbe bagnole des 60’s, cheveux au vent à travers la fenêtre ouverte, effleurant notre jeunesse, fonçant tous les deux jusqu’au centre même du soleil, comme des amoureux rebelles, Bonnie and Clyde, loin des turpitudes de nos colocataires terriens…
Dehors, ce n’était pas mieux, c’était même bien pire. Le macadam tremblait, tout foutait le quand ? Des panneaux étranges interdisaient entre autre de courir, d’écrire, de chanter, d’attendre, de ne pas croire, de ne pas travailler, de ne pas acheter. Une affiche d’une taille inquiétante, j’oserai même dire aux dimensions Staliniennes, au moins aussi grande que celle des joueurs de l’équipe de France de football si on admet que les dimensions ne sont pas égales ; une affiche disais-je, aux dimensions inquiétantes, proposait de voter pour un Koala grassouillet qui fumait un cigare en se grattant la panse. Les gens avaient disparu, mais un rapide tour d’horizon me suffit pour comprendre qu’ils avaient été en fait changés en caddys et en voitures plus ou moins récentes, plus ou moins attirantes. Il y avait parmi les cylindrées, une que j’affectionnais tout particulièrement, en fait, la voiture de mes rêves : Un Chevy Surf Wagon bonbon et crème. Rouge bonbon et crème…crème. Je m’apprêtais à m’asseoir place conducteur sans aucune once de scrupule, même à l’idée de ce que la création d’un tel véhicule avait nécessité, ce qui m’apparaissait alors clairement ; lorsque je ressentis une vive et soudaine douleur au poignet gauche : ma montre était en train de me mordre ! Je me débarrassais de l’objet le plus rapidement possible, l’envoyant vers l’asphalte où il continua de gesticuler en claquant le vide de sa mâchoire suisse. La voiture était toute neuve et me fit oublier ce vieux cadeau d’anniversaire auquel pourtant, je tenais tant. Le Surf Wagon, le volant, sous mes mains, procurait une sensation incommunicable. Je dus cependant arrêter de rêvasser et, en me hâtant comme toujours, tourner la clé déjà sur le contact. De la lave apparaissait dans mon rétroviseur, brûlant et dévorant la route dans ma direction ! J’apercevais aussi une horde de dinosaures fuyant la lave et dégommant au passage ce qui leur passait sous les griffes. Je reconnus des diplodocus, des T-Rex, des stégosaures…J’ai toujours aimé les dinosaures. Je filai aussi vite que le moteur fatigué de la voiture de collection 5 portes, modèle 1962, me le permettais, assistant par le rétro au terrible spectacle de siècles de consumérisme dévorés par la lave. Un flash vert m’éblouis et me fit perdre le contrôle le temps de quelques secondes, je repris vite le volant autant que mes esprits. Apparemment, alors que défilaient à mes fenêtres des millénaires de carnivorologie sanglante et de phallocratie puante, il y avait eu un souci dans le fonctionnement (précaire) d’une des nombreuses centrales thermonucléaires des environs. Le dernier coup d’œil dans le rétro, et j’assistai à une véritable explosion atomique, une averse gamma pulvérisant immeubles, usines et châteaux des grands rois…Le dernier règne fut celui d’une mucosité nucléaire.

Chapitre 2 : Histoire dans le désert n°3, le chant de la ziggourat

   Le ciel était tout noir et j’avançais, peinard et à peine perdu, guidé sans effort par le moteur ronronnant du Chevy Surf Wagon bonbon et beige. Plus de ciel, plus de route, plus rien. Il fallut attendre des kilomètres pour enfin rouler sur quelque chose : une étendue de sable rose. Devant moi apparaissait ensuite une construction massive. Je voulus freiner mais rien à faire : la pédale était inexorablement bloquée, capricieuse. Un sentiment ineffable m’envahit alors, salmigondis de peur de la mort, de souvenirs pour certains anodins, flash de désirs non assouvis et questionnements existentiels. Je pris la décision aussi téméraire que courageuse, car il y a une différence, de sauter de la voiture qui continua sa route pour se crasher pathétiquement sur une ziggourat. Moi, exsangue, errant maladroitement sur le sable rose, gravai cette image sordide de Chevy Surf Wagon en pièces dans une larme d’amertume. Je me dirigeai vers les marches de la ziggourat, espérant trouver de l’aide. Tout ce que je vis, à l’intérieur, dans l’unique salle, c’est une fosse dans laquelle se battaient un caïman et un gavial, vigoureusement ; ainsi qu’une mosaïque inquiétante représentant une pieuvre cyclope dont les tentacules tournaient, autour d’elle, comme les rayons d’un soleil pourpre. Elle m’apparut, je ne sais pour quelle étrange raison, comme le symbole de la divinité suprême. Et dehors, c’était pas beaucoup mieux, c’était même toujours pire. C’était comme si on avait semé des temples divers et variés, voire avariés. On pouvait reconnaître des synagogues des mosquées, des cathédrales…Un paradis pour les religieux ! Où étaient-ils d’ailleurs ? Il devait forcément y en avoir dans un tel endroit mais où étaient-ils ? J’aperçus un cortège de silhouettes lasses qui se dirigeaient sans vraiment le faire, à travers l’étendue rosâtre de ce désert sans ciel. Je m’approchai en criant à leur encontre « Eh ! Je suis perdu ! » car c’est ce que j’étais. Mais pas de réponse. Arrivé à quelques mètres je compris à peu près l’absence de réponse. Ils étaient tous sombres, tous morts, les yeux vers un ciel disparu, luttant contre l’étreinte de la pieuvre. Je cherchais des réponses auprès de gens qui se sont tués à essayer d’en trouver. Je n’avais donc aucune chance.
Aide-toi, le ciel t’aidera, me trouvant dans l’incapacité de m’aider, le ciel ne pouvait donc rien. Enfermé dans un cercle vicieux, je cherchais une échappatoire. « Ils ne te répondront pas mon garçon ». C’était un vieil entrepreneur de pompes funèbres, assis sur une chaise en ossements et tentant avec application d’accorder une guitare sans cordes. Je ne sais si je ne l’avais simplement pas remarqué ou s’il venait d’atterrir au milieu du sable rose, le fait est que son apparence était tout sauf commune, sans être particulièrement remarquable pour autant. Disons que l’on ne pouvait pas le croiser dans la rue sans être hanté par son visage et son attitude. Il avait une cigarette à la bouche et, à la vue de la petite montagne de mégot jonchant à ses côtés, véritable tas de tabac encore fumant, on pouvait aisément deviner que ce n’était pas sa première. Lui, à son tour, ignorait mes questions, se concentrait sur son instrument. 

« Chut. Calme toi, respire un bon coup et regarde derrière toi. Qu’est ce que tu vois ? »

Je n’avais pas vraiment envie de lui désobéir alors je m’exécutai, jetant un coup d’œil derrière moi. Coup d’œil qui se transforma vite en contemplation abasourdie : les temples n’étaient en réalité qu’un assemblage maladroit d’ouvrages obscurs. Le type m’en tendit un que j’ouvris aussitôt. Des pages et des pages de symboles sibyllins. Le type jeta sa cigarette sur une des pages du bouquin que j’étais en train de feuilleter, en harmonisant de sa voix gutturale un rire démoniaque. Le livre prit feu avant que j’aie pu insulter le vieil entrepreneur de pompes funèbres. Je lâchai l’ouvrage qui partit en cendres, comme le firent ensuite les temples tout entiers. Poussière, patati patata poussière. Ce type, c’était le diable. Je décidai de quitter ce sable, ce rose, cette étendue de rien. Je ne pouvais pas m’accrocher à de la fumée. La ziggourat, reconstruite, recrachait de temps à autres des pièces de la voiture en me priant de rester. Son chant me torturait l’encéphale, essayant de faire rentrer dans mon cerveau cet immonde et indigeste idéal monopolistique. En vain. Je pris le chemin du vrai désert, plus loin, là où il y avait un ciel, fatigué de chercher à savoir qui croire quand aucune source n’était vérifiable, même avec un bâton.

Chapitre 3 : Des projets, des proses
Je marchais depuis ce qui me sembla des siècles, tentant d’échapper à la promiscuité religieuse, cette surconcentration d’aveuglés volontaires. Lorsque je me retournai enfin, tout avait disparu : les croix, les croissants, les étoiles, même le rire du type des pompes funèbres qui jusqu’alors, résonnait sans fin. Quant à moi, je n’avais pas envie de rire, j’avais les zygomatiques en berne comme mon amour du drapeau…Il n’y avait pas grand-chose autour de moi ; j’apercevais difficilement un épouvantail, squatté par des corbeaux bruyant. Il ne faisait peur à personne, ou alors, seul les corbeaux résistaient à la terreur car finalement, l’endroit n’était pas des plus densément peuplé. « Personne », même le mot se répercutait en un écho désordonné, heurtant les côtes du Sirocco. Jamais je n’avais vraiment pensé à souhaiter être tout seule. Autour des dunes de sable, tas massifs de souvenirs en miettes, puzzle complexe d’une ère civilisatrice, dansaient un véritable troupeau éclectique de mammifères désorientés : chèvres, boucs, impalas et muntjacs se frottaient amicalement les cornes dans un fracas d’étincelles Dantesques. Ou comment tenter désespérément de retrouver de la vie dans cet endroit à l’envers...Surréaliste. Le désert, total, complet, lourd sous la chaleur d’un soleil de plomb, les grains minéraux se muaient en cellules photovoltaïques autant qu’en miroir voulant ma mort. Chaque partie infime de ce sablier m’assommait. Le désert n’est pas le meilleur endroit pour les rencontres, mais c’est l’un des seuls où vous pouvez vous trouver vous. Seulement, à ce stade là, je ne pensais pas qu’il y avait vraiment quelque chose à trouver…
Oui, je marchais depuis longtemps, ne comptant ni seconde ni ineptie. J’avais voulu fuir les hommes et leurs flock-book, leur désir de fer et d’autres métaux oxydés, oxydables, oxydiables. Je regrettais presque d’avoir balayé d’un coup de manches les faibles fondations Jenga d’un système académique. Succession de briques et de rêves en pierre ; colmatées, les fissures de l’humanité ne se voyaient presque plus sous la guimauve infâme, surchargée de sucre et d’acide citrique. Le monde était un citron de synthèse. Je souhaitais du néant, j’avais du néant, la solitude, je pataugeais dedans. En remarquant l’absence de désir qui parcourait le désert, l’absence de but dans les rafales de vent, je me dis à moi-même : « L’homme ne sait pas ce qu’il souhaite ». Je tournai alors sur moi-même, transpirant, criant et m’arrachant les cheveux. Petit pantin pantois comme les autres, les temples protègent de la chaleur au moins, les bureaux aussi ! Je pleurais, laissant de mes yeux s’échapper des trombes d’H2O au compte goutte, qui s’évaporaient avant d’avoir eu le temps d’effleurer l’immense…l’infini, sable mouvant. Celui qui au final, emportait tout. 
Je voulais de l’eau, de l’eau, beaucoup d’eau, me noyer pour arrêter cet Enfer. Est-ce que l’on contrôle ce que l’on souhaite ? Est-ce que l’on souhaite réellement ce que l’on souhaite ? Car je ne pouvais pas être plus exaucé : des geysers de tous les côtés, des hydrocanons d’une puissance folle ! Ma joie devint panique lorsque le désert commença à être inondé… L’incroyable n’est qu’une question de temps, le scepticisme s’efface devant la force des éléments. Les nuages noirs dans leur tristesse, jouaient eux aussi la carte du déluge éléphantesque. Il devait y avoir quelques 543 solutions exubérantes, abracadabrantesques, que seuls un macaque, un macroscélide ou un sapajou s’autoriseraient de fantasmer en se caressant l’arrière train d’un air hagard. 543 solutions impossibles pour me sortir de là, la plus improbable se réalisa. Mon  Chevy Surf Wagon m’attendait là, bonbon et crème, lumineux sous l’orage puissant de ma destinée, la calandre prête à affronter l’Apocalypse, le Tout Puissant au corps à corps. Rouge bonbon…

Chapitre 4 : Une plage de plastique, le bain se gourre, le gain se barre…

Et crème…Crème. Je filais encore à toute allure, à la revoyeur, à l’embouchure d’un autre ailleurs, surveillant la vague qui prenait corps lentement dans mon rétroviseur. Je pouvais sentir le vent glacé des effluves océaniques se mélanger aux barbituriques de ma boîte à gants. J’attendais avec une impatience de gosse à Noël que le désert moribond me crache à la gueule son dernier souffle, qu’enfin ma tombe de 20 000 lieux sous les mers m’accueillent bras ouverts, ou bleus comme les yeux de ma colère. Je repensais dans ce fracas neptunien à la fille qui un jour, avait été la première à subir mon amour comme un jet de pierre. Elle avait fini, je ne sais quand, je ne sais comment, je ne sais pourquoi, et toute ma vie alors je n’ai fait que chercher les réponses tout en m’empêchant de résoudre réellement ces mystères…Et à présent, que je pensais être prêt pour le grand plongeon, j’allais presque lui chanter : « Où es-tu Melody, ton corps disloqué hante-t-il l’archipel que peuplent les sirènes…Au hasard des courants as-tu déjà touché les coraux lumineux des côtes guinéennes où des sorciers… ».
Le wagon flottait…Je n’allais pas mourir, pas tout de suite…Le wagon flottait et même glissait et même roulait sur l’eau ; il m’emmenait loin, loin, des traquas ensablés ou des réflexions métaphysiques foireuses, alourdies par les poids morts que l’on traîne toute sa vie. Une baleine sauta à côté de moi, offrant son haleine et ses beuglements à plusieurs kilomètres à la ronde, mais j’étais seul à en profiter. Je ressentais l’irrépressible envie de me perdre dans ses fanons sales, d’y faire le ménage avant de rejoindre Pinocchio dans son estomac. Heureusement sans doute, le ciel se dégagea à ce moment là et le soleil éclatant réveillant bientôt les dauphins, ils se mirent à danser et chanter autour de moi, salissant mon humeur d’une mièvrerie que vous auriez même du mal à trouver dans les rêves de votre petite sœur qui aurait abusé de sucreries avant de dormir. Je dois avouer que j’ai dû laisser mon cynisme filer avec la voiture – qui avançait toute seule– lorsque je me suis auto éjecté sans penser à ce qui pouvait arriver si au bout de 5 heures passées à nager péniblement je me retrouvais à flotter sans assurance, au milieu de nulle part avec les requins autour. Pas le moindre îlot de terre à l’horizon. Seulement, je voulais toucher les dauphins…Oublier mes angoisses et mes défenses hypo-vocabulairiennes, multi-virgules, incessantes. N’être que moi tendant la main vers un élan de tranquillité millénaire. En plus, et n’allez pas croire à un accès de mégalomanie, conséquence post-traumatique d’une hydrocution presque fatale, je tenais sur l’eau. Si si ! Comme la voiture ! Comme Jésus ! J’étais debout et je marchais aussi sûrement que si je parcourais une aire de plexiglas. La voiture, elle, s’était perdue dans l’horizon. Je m’approchais d’un groupe de dauphins, oubliant l’idée de leur adresser un genre de prière profane télépathique. Ma main, chacune de mes phalanges, caressèrent leur peau grise, dégradée, cosmique de ce mammifère et tout mon corps fut rempli de plénitude. Je me mis à bondir et rebondir sur l’eau ; puis à courir, en riant. Oui, je ressemblais à ces adolescents primesautiers ayant observé deux papillons et pensant alors détenir les clés de l’univers, ne cherchant plus que la porte. C’est bien simple, je n’aurais pu me supporter si je n’avais été moi. Ensuite un épais brouillard me prit par surprise et je n’avais pas de couteau. Contraint et forcé de ralentir ma course, j’écartais prudemment la brume comme les vieux rideaux poussiéreux d’une mauvaise pièce de théâtre. Tout était tellement bizarre ; je n’ai fait qu’adapter mon comportement.

Chapitre 5 : Déluge fruitée dans les synapses

« Cette image sordide de Chevy Surf Wagon en pièces… » « Se crasher pathétiquement sur une ziggourat… » « Qui n’avait rien à faire là !? ». Comme une impression de déjà vu qui tambourinait dans mon crâne. Bien sûr que j’avais déjà vu ça, je venais d’en réchapper ! Il était hors de question pour moi de tourner en rond et pourtant, je le fis, pendant les 28 minutes et 0 seconde les plus incroyablement longues de mon existence. Le sable rose, les impalas, les muntjacs ? Caïman ? Stégosaure ? Les pantins, le diable, les immeubles ? Tout était là, pataugeant en bordel dans l’ombre de ma réalité, mélangeant mon cerveau comme une caisse de LEGO renversée ! Je courai dans les rues/sables/océan et brouillard, la tête cherchant assez d’hélium pour atteindre Jupiter au plus vite…Au moment où je n’en pus plus, où je crus que chaque globule rouge provoquerait sous ma peau un feu d’artifice, je levai les yeux au ciel, et assistai à la première pluie de fruits de l’Histoire avec un H taillé dans le marbre.

 Fraises, Pommes, Poires, Cerises, Bananes, Kiwis, Litchis, Pêches, Abricots, Mangues, Kumquats, Framboises, Raisins, Mûres, Groseilles, Ananas, Melons, Pastèques, Oranges, Citrons, Clémentines, Mandarines, Pamplemousses, Prunes, Figues, Nectarines, Papayes…

S’éclataient juteusement sur les immeubles qui s’effondraient sous le poids des fruits trop mûrs. La nature inondait les constructions rigoureuses par des éclaboussures fruitées. Une salade de fruits gigantesques qui retombait sur un parterre académiquement froid. C’était la pire des plaies diététiques que l’on pouvait imaginer. Je fuyais tout ce sirop quand bientôt ; ce fut des hommes qui tombèrent du ciel, ou plutôt, des ersatz d’humains, baudruches couleur chair, pâles représentations de mes colocataires terriens, explosant en bombes à jus. L’homme…est un fruit de la nature, tombant trop mûr, sur son parterre académique. L’existence n’est peut être que l’histoire de cette chute…
Dégoûté, je courrais encore, je ne pouvais affronter tout ça, c’était au-dessus de mes forces. Aucun humain ne pouvait se retrouver en duel avec la vérité. Les questions tournoyantes qui polluent les nuages autour de ta tête, toute ta vie, sont bien plus inoffensives que les réponses.
Heureusement pour moi, cette salade prit fin lorsqu’une voix qui m’était inconnue, brisa le cycle éternel. Elle murmura simplement :

Chapitre 6 : Pulsations primales dans le néant vert

« Stop ». Et je me retrouvai ainsi, la tête subéreuse au milieu d’une véritable jungle que les lianes lacéraient sans scrupules ni retenue. Il faisait chaud, moite, je suffoquais en esquivant les piqûres de moustiques multicolores, aussi gros que mon poing. Pratiquement. Cette jungle était un four mais au bout du compte, c’était presque agréable de se sentir transpirer, fondre. De sentir s’échapper, par les pores de ma peau, cette masse gazeuse de vie morte, épuisée. J’écartais les broussailles sans savoir ce que je cherchais vraiment. Une échappatoire ? La solitude ? La compagnie ? Certainement, ce n’était plus mon quotidien que je cherchais, rien de ce que je connaissais déjà n’était désirable. Je voulais reconstruire. Ma vie n’était, depuis le lever du jour jusqu’à la tombée de la nuit, qu’une bataille acharnée avec mes fantômes. Depuis mon premier jour, je m’échouais comme sur une plage de mon existence. C’est bien pour ça que finalement, il y avait quelque chose de rassurant dans cet inconnu, ce périple sans fin. Quelque chose de familièrement étranger. C’était un peu comme si le monde avait encore des Terra Incognita spécialement pour moi. Je ressentais les pulsations primaires, primitives, primales. Boum, Boum, Boum, mon cœur réclamait la vie, Boum, Boum, Boum, je me sentais vivre dans ces percussions. Boum, Boum, Boum, j’entendais d’autres basses un peu plus loin. Derrière un immense baobab, dans une clairière, des footballeurs américains disputaient le match du siècle. Dans des éclats de bruits et de fureur. Les plaquages, les touch-downs, les cris de guerre, faisaient trembler la terre. L’élan vital de ce Big Bang créait des étincelles, des éclairs, du tonnerre au milieu de la flore luxuriante. Les footballeurs américains cognaient leurs casques avec rage, ils s’arrachaient les bras et bombaient le torse. Je ne sais toujours pas aujourd’hui si cela me fit rire ou si la stupeur me cloua littéralement sur place ; mon esprit guidait en tous cas mes yeux dans la recherche de puissants analgésiques. Puis, les voyant se recoudre les bras et boire leur sang pour recommencer la grande dispute des yards, je décidai de laisser ces hydrocutés du cortex faire trembler le globe avant de que mon envie de vomir ne prenne le dessus. De plus, le monopole du vert dans mon champ de vision m’ennuyait terriblement. Je choisis donc un point cardinal à la faveur du hasard et je m’y tins, pensant qu’il serait alors plus facile de m’échapper de ce labyrinthe de chlorophylle. Un sourire se grava sur mon visage dans une double satisfaction : fierté tout d’abord, d’avoir trouvé un stratagème qui marche, soulagement ensuite d’apercevoir un morceau de ciel, comme un échantillon d’espoir ?
Mais le hasard ouvre bien des voies sans que ce soient celles que l’on pense chercher, et j’errai à présent, aussi indécis qu’une loutre dans une scierie, aussi pathétique qu’un grabataire blennorragique dans des hallucinations apoplectiques où la nostalgie des sensations perdues m’assommait autant que la fatigue. Vert, Vert, Vert, Vert. VERT. Encore du vert pendant que les bourrins ballonnant de derrière moi continuaient de mêler leurs concupiscences à leur sueur dans des éclats de côtes et de cris simiesques. J’avais l’impression qu’il fallait que je me dépêche si je voulais garder en état ma deltoïde, fragilisée depuis un accident de judo durant mon enfance, et tout le reste, avant d’être phagocyté par ces forces brutes. Je finis par poser mes fesses endolories sur un tronc d’arbre mort, couché là et envahi les lierres depuis des lustres. Une poignée était vissée sur le tronc et je ne tardai de remarquer que des portes entières étaient encastrées dans les immenses créations sylvestres de cette allée, trouvée à la faveur du hasard. C’était le moment de faire appel à la force synthétisante qu’un fort souhait de l’Ailleurs faisait naître en moi, de me lever et de frapper un coup, puis trois autres à la première porte qui déclencherai dans mon for intérieur à la fois stupeur et désir tremblant. Comme une intuition sidérale, prête depuis ma naissance à me guider ce jour-là. Personne ne répondit lorsque je trouvai mon bonheur à la porte 17, la troisième sur la droite, en contournant par la gauche mon tronc d’arbre, direction Nord/Nord-Ouest. Ainsi je quittai ce cauchemar émeraude lézardé par les méfaits de l’abondance et secoué par ce qu’on fait de plus primitifs aux Etats-Unis. 

Chapitre 7 : Porte à l’œil + pomme

Un pied dans la lumière ou dans la tombe ? J’atterris dans une drôle de salle où sol et ciel se disputait le premier prix de la blancheur la plus aveuglante. Du blanc propre à en devenir fou. Heureusement, contrebalançant cet extrême néant, une oasis s’étalant sur un petit kilomètre carré me servit de motivation… Pire que les désert ou les océans sans fin, cette étendue blanche éclatante faisait le même effet que les rêves bien connus, où vous marchez à l’infini en voyant reculer votre objectif. Seulement, les épreuves passées me permirent de tenir bon et j’atteins finalement l’oasis assez vite, ce qui me permit de contempler ses vigoureux palmiers et ses espèces de colonnes de marbre, que je ne distinguais pas encore suffisamment. C’est alors qu’apparut devant moi une constellation de robots Panda qui semblaient décidés à m’empêcher d’avancer davantage. Ils formaient comme une barricade devant moi, un « NON » consensuel que j’avais peur d’affronter. Un seul s’approcha de moi, et les autres s’évaporèrent en cendres karmiques quand il leur fit un signe de la patte. Je subis un interrogatoire assez agressif.

« Nom ? »
« Prénom ? »
« Âge ? »
« Profession ? »
« Que venez-vous faire ici ? »
« Pourquoi êtes-vous ici ? »
« Quelles sont vos intentions ? »
« Que cherchez-vous ? »

Et toute une flopée de questions du même acabit, souvent pléonastiques mais destinées à me faire avouer que j’étais armé des plus mauvaises intentions. Comme il paraissait vouloir tout savoir, j’entrepris de lui narrer l’inénarrable, cette espèce d’odyssée Nietzschéenne qui m’a fait traverser les déserts les plus arides et les périmètres les plus accidentés que pouvait en rencontrer un occidental moyen dans sa triste sans aventures. J’espérais moi-même trouver une cohérence dans ce fatras de mots qui sortit de ma bouche, ce ne fut pas le cas. Le Panda  n’était pas convaincu non plus et dans ses yeux, ses orbites mécaniques, il me semblait déceler un circuit de haine prêt à exploser. C’est à ce moment là que j’ai commencé à analyser ma situation : je discutais avec un robot Panda au milieu d’une oasis salvatrice. Me tuera-t-il, ne me tuera-t-il pas, il ne me tuera pas-t-il ? Le fait est que je m’échouais encore et toujours sur une des seules rives que mon ironie onirique (ironirique ?) ne parvenait pas à dissoudre. Je m’étais longtemps demandé s’il était quelque part un oasis pour l’humanité. Et je pensais bien en être tout prêt. Le robot Panda menaçant, que j’avais un peu oublié en divaguant sur ma situation d’un air plaintif mais résigné, allait peut-être enfin me tuer, levant une de ses pattes électroniques, mais stoppant net, en l’air. Son visage robotique se coinça en un sourire mystérieux et la voie vers l’oasis était désormais libre. La colonne était en fait une sorte de grande porte en marbre, avec un œil au milieu et une pomme sur le dessus. Porte à l’œil + pomme, symbole ultime de notre ère avais-je pensé alors. Academic, Fruit : Existence. L’homme était un fruit académique, tout était clair pour moi. Je ne voulais pas retourner dans mon monde, j’espérais que cette porte cacherait une zone permanente autonome, où les LEGO disposés à même le sol nous permettrai de tout recommencer. Academic, Fruit : Existence ; ce n’est certes pas l’histoire d’une fatalité.

FIN ?


Too Late

Too Late

Guidé par une étoile...
Guidé par une étoile...
Poésie fragmentaire...aux allures testamentaires, 
Fun & Ice Cream, du vent, des rêves, des voeux? 
Cons!
solidaire, l'air solide, et foutrageusement foutraque? parallèlement soliloquant...

En attente d'un appel du Costa Rica
pour connaître les secrets de la poussière
Il est trop tard, le soleils a déjà avalé
Décalages horaires, des quadrillages en l'air

J'ai loupé le train, le coche ou l'avion
J'ai loupé l'occasion, de la fermer…

Soudainement je sais, soudainement je vois
Que les calendriers ont menti
m'ont soufflé des désirs
au son des avions
La douce mélodie du départ
Comme un piège un traquenard…

Volcano

Volcano

Sous le volcan, dans la lave, j’ai rêvé de toi.
De nouvelles entières écrites par le poison,
De nouvelles visions aromatisées à la fraise.

Sous le volcan, dans ma prison,
J’ai rêvé de tout ça :

De mescal, de cantinas et d’un éléphant bleu qui jouait du banjo.
Ses cheveux flamboyants s’élevaient au-delà des barrières sociales, oraculaires ombres des traumas antiques. 

Sous le volcan, dans l’alcool, j’ai misé ma vie
A des croupiers idiots qui pariaient eux sur la défaite générale.
Mes albums photos sur la table, partis sur un coup de roulette.

Sous le volcan, dans tes yeux, j’ai croisé la force
Qu’il me manquait pour arriver à te dire tout ça,
Sans essayer de contrôler chaque lettre

Se sentir impuissant quand le volcan éclate et ne pouvoir que courir
Avant d’être transformé, finalement en statue de cendres,
Est la pire des conclusions.

Sous le volcan perpétuellement, même quand je pense à l’amour
Ça me brûle jusqu’au fond de ma gorge 
Et ça empire de jour en jour…

Sous le volcan, j’ai laissé partir mes peurs…

TigreMonde

Tombé dans la gueule du Tigre qui jongle avec moi depuis mes 10 ans
Il s’amuse et ça m’use de me faire balader comme ça
Il rit fort et m’a déjà oublié
Il a dans les pattes le pouvoir de tout faire
Pourquoi s’ennuierait-il à construire quelque chose ?

Paresseux, le Tigre s’endort devant mon corps
Qu’il a laissé en morceaux de conscience encore fraîche
Le Tigre ne me compte plus pour combler la brèche
De la zone indomptable de ses souhaits

Il n’y a que des rimes, il n’y a que des rythmes
Dans la gueule du Tigre
Depuis mes 10 ans je me tue à vivre
Comme lui, comme le Tigre, aussi libre
Mais je n’y parviens pas

Il est comme un morceau de terre, arraché à l’œuvre d’un Dieu corrompu
Une fraction d’un esprit sauvage
Lâché comme une âme en peine…